Friday, April 03, 2009

Etre ou ne pas être une pierre

Notre première aventure se déroula dans la grande ville. Pris entre les blocs de pierre rugueux aux angles parfaits, nous courrions tout les deux en donnant de grands coups de pied et de patte de chaque coté. L'ombre des pierres tentait de nous recouvrir a chaque pas mais, nos mouvements assurés par un entretien sévère et difficile au kung-fu nous assuraient la victoire contre cette architecture démoniaque. Ainsi, les pans de murs voulaient se battre contre nous ? Ils ne savaient pas encore contre qui ils devaient se battre.
"Je n'ai que faire de vous vilain pan de mur, vous pourriez être des rectangles, des cercles ou des losanges, je vous éclaterais tout de même".
"Word" rajouta George, mon chat ninja.
George aimait parler anglais, ça le rendait plus classe, plus ghetto. Il me l'avait dit un soir que nous discutions au bar et que nous nous racontions nos meilleurs souvenirs de batailles.
"I always talk in english to my opponent. It's to show them my ghetto credential".
George, lui avais je répondu, tu ne viens pas de New York. Tu es née avec moi en Ardèche. Pourquoi voudrais tu venir du ghetto. Ca n'a pas de sens.
Mais, il ne voulait rien entendre et grand bien lui face si cela augmentant sa confiance et sa force. Ca ne me posait pas de problème à moi et les pierres s'en mordaient encore plus les doigts.
Cependant, on m'avait appris à l'école que les pierres ne pensaient pas. Je me souviens aujourd'hui de ce cours. C'était en sixième, un mardi vers 10H30. J'étais en train d'imaginer ce que je pourrais manger ce midi quand le professeur de français déclara :
"Il faut toujours surveiller votre orthographe ! Bien conjuger vos verbes ! Et surtout, n'oubliez pas que les pierres ne pensent pas ! Ce midi il y aura de la glace au repas !"
Ce cours était toujours génial. Aujourd'hui je peux remercier encore et encore ce professeur de m'avoir appris tant de choses. Que pourrais je faire sans ces cours sur les pierres, les verbes et la glace sinon ? Ma vie n'aurait pas de sens.
Je prie donc la patte de mon camarade pour le projeter sur une pierre. Il sauta alors sur chaque pierre qui s'avançait et atteint bientôt le sommet.
Ca a des avantages d'être un chat.
Pendant que je continuais de distribuer les coups contre les pierres et que je les faisais éclater une à une en m'amusant je demandais à George ce qu'il voyait. Il me répondit alors qu'un professeur fou touchait successivement des boutons de manière désordonné.
"Comment peux tu savoir qu'il est fou" demandais je a George en effectuant un salto arrière et en me recoiffant en même temps
"C'est marque sur le panneau qu'il porte avec la main qui ne lui sert pas a appuyer sur les boutons. C'est marqué "je suis un professeur fou, s'il vous plait, soyez gentil laissez vous vous faire écraser par mon stratagème".
"Ma mère m'a toujours dit qu'il fallait que je fasse plaisir aux gens. Ceci dit, elle parlait aussi beaucoup avec des pierres donc je ne pense pas qu'on puisse lui faire confiance"
George me raconta après qu'il n'avait pas attendu que je finisse ma phrase pour sauter sur le visage du professeur et lui assénait de violents coup de griffes. J'aurais bien aimé voir ça mais il me fallut plus de temps que mon compagnon aux quatre pattes d'aciers pour arriver en haut. Il avait alors déjà réduit le professeur en un petit tas de lambeaux de chaire et se faisait les griffes sur le moniteur de contrôle. Il ressemblait a un dispositif futuriste tel qu'on les imaginait il y a des dizaines d'années. Sur chaque bouton un petit dessin indiquait une action. Je ne parvint pas a déchiffrer ces messages malgré mes connaissances dans des dizaines de langues terriennes et mon don de traducteur qui m'avait déjà servi pour communiquer avec des être venus d'un autre monde. Un don qui s'était avéré très utile pour commander une boisson sans alcool sur Pluton.
"Peut être que nous aurions pu interroger ce scientifique pour en savoir plus, tu sais George ?"
"Oui, surement" répondit George en miaulant. Mon ami ne cachait pas sa lassitude. Qu'importe si on ne réussit pas a résoudre l'énigme tant que l'on s'en sort vivant. Les meilleurs histoires n'ont parfois pas d'explications. Il en va de même pour nos aventures.