Wednesday, October 14, 2009

La spiritualité de la douleur

Ce texte est la première mouture d'un travail autour d'une chanson en cours de composition.

No sound. There shouldn't be any sound. Alone. Lonely mission of mine disrupted by a presence; Out of control. So signal. No identification. Just a thought, lurking in the corner, taking form, shaping from the void. A wish of silence. To be hollow again, surrounded by cloud of psychotropes. Medical hallucination. Supposed to be aslee. Heatbeats racing from afar. Geting closer. Death is a complete isolation therefore I'm alive. I feel pain. No pleasure. Just hollow orgasm produced by pressure fo so long. Just pain. The troubling and filthy reality that I cherish. Trying to find my way. Around a corridor. Another corridor. Another. Here comes another one. I should be asleep. I should be walking in my dreams and finding the ultimate truth behind a wooden door. But where is life? Where is pain ? No pleasure. It's still lurkinng. It's behind me. Slow touch, cold life. Life. Repeat the process. Let the claw slash air before it penetrates my skin. Inside, outside. Come on ! Inside, outside. Something is rolling outside of me, caressing my arm and letting me know I'm not dreaming. This hould be a nightmare. Where are my screams ? Lack of torment. A smile, wide and warm. Satisfied. Turn around and face the threat. Savior. A shell of flesh. Not so different from mine. Not as empty. Feed me with your desire. I welcome you with open arms. With open flesh. SCarred tissue. Reinitialize my body and let me see where I came from. From what I fear will begin the new conjonction of life. Species so alike. Desire. I feel the same. No need to pray. No need of a god. From the complete exhausion of the human form will come a new breed. Transcend death with symbiosis. Your uniqueness does not affect me anymore. Here comes the hive.

Sunday, October 11, 2009

Devant l'ordinateur

Chers collègues

Si je vous écris aujourd'hui c'est pour vous faire part de mes adieux. J'aimerais vous communiquer toute l'affection que je vous porte avant que je ne franchisse la porte de sortie de nos bureaux et que nous ne puissions plus nous parler. Nous ne sommes d'ailleurs jamais parlé. Durant ces six longues années passés en votre compagnie, je n'ai eu l'occasion de vous connaître que par bribe. Jean-Paul et ses problèmes de dents. Jacqueline et les inquiétudes qu'elle porte à l'avenir de ses enfant. De petites phrases répétés tout les jours sans que vous ne vous en rendiez compte. C'était là les seuls mots que nous échangions. Des phrases échangés par des rituels pour nous faire croire que nous communiquions alors que nous ne faisions que laisser passer un peu de la vapeur de nos journées respectives. En dehors du bureau résidait un vide composé de mystères complexes ou tout ou rien pouvait exister.

Vous ne m'avez jamais posé de questions sur ma vie, mes habitudes, mon opinion politique ou mon orientation sexuelle. C'était à la fois rassurant et inquiétant de votre part d'être considéré à la fois comme un égale et comme un être pour qui l'on ne ressent que de l'indifférence vis à vis de ce qu'il est et de ce qu'il fait. Tout ce qui comptait pour nous c'était les objectifs de la journée, de la semaine, du mois, de l'année. Ne pas perdre sa place. Continuer sa route dans les echelons de la société sans perdre pied et tomber en bas de l'échelle.

Pour cela nous avons tous beaucoup travaillé. Les "ça va" du matin était une manière comme une autre de vérifier que nous existions bien l'un en face de l'autre. Peu important l'état dans lequel nous nous trouvions, le principal était que nous étions encore là. L'équilibre n'était pas rompu, la journée pouvait commencer.

Je ne suis pas sûr pour autant que vous parlerez de moi après mon départ. Est ce que l'absence de mon "ça va" vous manquera. Est ce que ma contribution à la dynamique de notre trio sera compensé par votre seule force ? Ou est ce qu'un autre employé me remplacera pour que le rythme continue. Constant. Satisfaisant. Rassurant.

Je veux moi aussi vous rassure : ce n'est pas votre faute. Cette place, je l'aimais beaucoup. Je vous aimais beaucoup. J'ai de la peine à partir aujourd'hui mais je ne vois pas d'autres solutions que de tirer ma révérence.

Si vous m'aviez questionné, vous auriez su que je n'avais pas de lieu où me retourner après le travail. Je rentrais seul, dans mon petit appartement. J'allumais la télévision et je me laissais couler dans un semblant de vie sociale en répondant aux questions des présentateurs ou en faisant des réflexions sur ce qu'ont annonçaient aux informations.

Depuis tout jeune, je n'ai jamais bien su comment parler aux gens. Je voulais leur faire comprendre ce que je ressentais pour une personne ou une autre mais rien ne sortait de ma bouche. Rien de cohérent. Des bribes de phrases. A peine quelque mots.

Pas de vie sexuelle, pas de vie sentimentale. Je parlais un peu avec les femmes que j'appelais au téléphone rose tout en sachant que d'autres devaient se moquer de moi en entendant ma conversation pendant qu'eux patientaient pour faire l'amour par téléphone avec la même opératrice. Certaines connaissaient même mon nom. Je suis aussi allé voir une ou deux prostitués mais je me sentais mal au moment de payer. Tout ce que j'avais pu ressentir sur le moment passaient sous la forme de cet échange de billet et s'évaporaient avec le sourire concupiscent de celle dont j'avais touché le corps avec tendresse il y a quelque minute.
Je n'était pourtant pas infirme, pas atteint d'un trouble sexuelle quelconque. Pas de maladie honteuse ou de déformation. Je n'étais pas différent de vous deux, ou du moins, c'est ce que je pensais.

Jusqu'à ce jour, je pense que j'ai vécu dans le mensonge. L'illusion d'avoir des amis et pas uniquement des collègues. Un petit bout de vie normale. Je n'étais pas qu'un collègue, j'étais un de vos amis. Une personne dont vous parliez à vos amis et à vos proches quand vous rentriez chez vous.

"Aujourd'hui, Thomas m'a vraiment beaucoup aidé au boulot"
"Tu devrais l'inviter à manger, il a l'air gentil"

Rien n'est jamais venu mais je ne désespérais pas pour autant. Comme un fidèle qui fréquente l'église avec l'espoir que Dieu l'entend et agis en sa faveur, je continuais de venir au travail en espérant que vous verriez à travers mon regard le besoin de se confier et que vous me tendriez la main. C'est ce que j'aurais souhaité.

Aujourd'hui, si je rédige cette lettre, c'est pour vous dire enrevoire. J'ai été licencié hier. Pas a cause de mon travail. Tout le monde est satisfait de ma productivité. Non, je dois partir pour des questions de réductions d'effectifs. Travailler autant, voir plus, mais avec moins de personnel.
Vous le saviez. Je l'ai vu dans vos yeux en arrivant. Vous saviez ce que le chef allait me dire. Mais tout ce que vous avez trouvé à me dire avant que je ne parte dans son bureau c'est
"Courage"
Tout les deux. C'est ce que vous m'avez dit tout les deux.
Vous saviez mais vous ne m'avait rien dit.
Puis, quand je suis revenu de son bureau, vous n'avez rien dit. Vous vous êtes tu comme lorsque quelqu'un vient de commettre une gaffe et que l'on ne veut pas le faire remarquer. Le silence devait persister. Le rythme de travail aussi. Surtout le rythme de travail.
"Je ne dois pas être comme lui, je dois montrer mon valeur. "

En une seule matinée, je suis devenu le SDF dont on ignore le regard suppliant quand il vous demande une pièce dans le métro.
Vous aviez honte de me connaitre. De faire partie de la même équipe que moi. Vous n'étiez pas mes amis.

J'ai pourtant alors continué de vous trouver sympathique. J'aurais voulu alors que vous me parliez de vos enfants ou de vos problèmes de dents. De n'importe quoi ! N'importe quoi !
Donc, si aujourd'hui j'ai décidé de mettre fin à mes jours, c'est parce que plus rien n'a plus de sens. En dehors du bureau. Plus rien. Je voudrais vous voir vivre encore un peu. Partager vos moments de détresse et de joie quotidienne. Quelque chose de plus vrai que ce que je vois à la télévision. Un peu de vie.

J'attends encore quelques instants un coup de téléphone. Un signe. Je prie même en attendant que les médicaments que j'ai avalé fasse de l'effet. Vous me trouverez sur mon siège de bureau avec cette lettre et j'espère alors que vous comprendrez.

Je vous aime.