Assis sur son siège, il regarde fixement la page où il écrit ses quelques pensées du moment. Rien de bien anormal pour une matinée. Le paysage défile devant ses yeux et malgrès l'habitude il ne reconnait aucune des maisons, aucune des entreprises. Rien de familié ne vient lui rappeler un souvenir particulié en dehors de ce sentiment de déjà-vu qui rempli ses yeux. Savoir sans vraiment connaître. Un doigt posé sur l'encre fraiche tracé sur la page, il sent l'encre glisser lentement.
Un peu de liquide noir glisse et coule jusque sur son jean mais il ne bouge pas. L'encre rentre sous sa peau. Les pigments digère l'encre, puis le mot. Chacune des lignes entrelacés se dépouillent de leur forme matériel pour que le sens pénètre le géniteur des pensées qui les ont engendrer. Tout ce que je crée reviens a moi et m'appartient pense t'il. Personne ne semble remarquer le phénomène qu'il vit a ce moment là.
Seul devant sa page, avec son crayon a la main, il sent chaque mot parcourir l'intérieur de son corps et revenir dans son esprit avec une clareté renouvellé. Quant à lui, le stylo se vide progressivement de son précieux liquide et s'élève dans l'air comme une bulle de savon puis se stabilise devant ses yeux. Personne ne dit rien et personne ne remarque le phénomène. Tout le monde semble trouver cela normal et, lui même, les yeux encore rempli des paysages vides qui l'entourait encore il y a quelques minutes, ne s'inquiète pas non plus.
Curieux, il pose son doigt sur l'encre qui s'est elevé face a lui et pénètre le globe pour en constater la densité et découvrir la sensation que cette expérience hors du commun peut provoquer sur son corps qui aspire désormais l'encre des mots. Mais, rien ne se passe et son doigt, une fois ressortit, est uniquement couvert de noir. Malgrès la subtance liquide, rien ne découle contre son pantalon et l'intégralité de son doigt a pris la même couleur que l'encre. Puis, c'est sa main qui finit par prendre la couleur noir, sans même qu'il est a retourner prendre un peu plus de subtance pour pouvoir s'en recouvrir.
L'encre continue de monter et de faire corps avec lui. L'expérience est indolore et ne provoque chez lui qu'un début d'inquiétude qui se transforme très vite pour être remplacé par un mer de possiblité. Il n'est plus. Il est encore. L'encre lui offre maintenant tout ce que les mots peuvent contenir de sens. Plus rien ne l'entoure désormais et malgrès le noir qui couvre ses yeux et son corps, il ressent encore ses membres comme auparavant. En faisant corps avec la potentialité de l'écriture qui n'existe pas encore il n'a pas perdu sa nature unique d'homme. Ses habits semble être les mêmes, ses souvenirs ne sont pas perdu.
- Ce ne peut être la mort, pense t'il. Je ne ressentirais plus rien si c'était le cas. Alors que m'arrive t'il ?
Le temps passe et l'univers est toujours aussi sombre. Des heures s'écoulent sans qu'il ressente le besoin de s'inquiéter ou de s'alimenter. Il est juste et cela lui suffit même si la raison le pousserait a avoir un comportement tout autre. La potentialité n'a pas encore prise de décision et il vit encore dans la probabilité d'une existence qui pourrait être tragique ou comique. Peut être même les deux. Ou sera t'il le héros d'une grande aventure humaine ?
Puis, le noir devient moins épais et la lumière apparait. Tout comme l'eau du bain, il se sent aspiré inexorablement vers un point où tout semble s'échapper. La lumière devient de plus en plus importante mais elle ne l'aveugle pas. Il voit clairement la couleur apparaitre devant lui. Un bleu clair envahis bientot l'espace tandis que son corps lui réapparait comme une forme précise. Il n'est plus le même mais il ressent maintenant l'air environnant qui lui manquait, sans qu'il s'en soit rendu compte, quand il était encore il y a quelques instants dans l'espace envahis par un noir d'encre.
- Un noir d'encre, s'est amusant comme image.
Son nouvel univers est maintenant bleu ciel, blanc et noir. Autour de lui des signes sont déssinés et plus rien ne lui rappelle le monde qu'il a quitté quand il a touché la bulle d'encre. Lui ne se voit plus comme avant mais se ressent toujours comme un homme. Aucune barrière ne l'empêche d'avancer mais il ne peut pas bouger pour autant. Bloqué dans son espace il regarde vers le lointain et voit apparaitre de grands signes tout en haut. Et soudain, les signes deviennent des mots. Les mots prennent du sens. Lui même se fixe, non plus comme un potentiel, mais comme une réalité, et il lit ce que l'on inscrit en haut de son texte. Et seul, au millieu des mots, il sèche l'encre qui coule de ses yeux et prend sa place a coté de ses semblables.
Thursday, July 12, 2007
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