- Bruno, je vous reçois aujourd'hui pour la sortie de votre nouveau film que tout le public attends avec impatience.
L'espace autour des deux sièges est confinés car toute l'attention des caméras est focalisé sur les visages. Rien d'autre n'intéresse ses appareils, tous reliés à l'opérateur qui contrôle chaque mouvement, de la présentatrice à Bruno Irot puis des coupures pour présenter des extraits de la bande annonce de "Nouvelles découvertes". Sorti en salle prévu pour Juin. 1H30. Réalisé par Bruno Irot. Avec Sophia Espora, Karine Despurgé et Michel Romain dans les rôles principaux.
- L'influence de Joe D'Amato est très perceptible dans votre travail mais plus encore dans ce nouveau film d'après les quelques images de la bande annonce. Pourquoi avoir refusé de raser les poils pubiens des actrices.
- Merci de l'avoir remarqué Catherine.
Il passe sa main dans ses cheveux, un simple réflèxe, et respire avant de répondre.
- J'ai voulu réintroduire cette part de la physiologie féminine dans mon film pour deux raisons.
Il reprend sa respiration. Comme si sa déclaration avait une importance cruciale. La caméré se concentre sur les mouvements de sa glotte. Glotte mouvement, unique et impressionante. Celle de Bruno Irot.
- Tout d'abord, en hommage aux films du grand maître italien que j'ai toujours admiré. Puis, principalement, par refus de l'image aseptisé qui a contaminé l'image de la pornographie depuis tant d'années dans les grands productions françaises et américaines.
- Vous ne vous reconnaissez pas dans les films de Marc Dorcel, par exemple ?
Ici, la présentatrice montre ses connaissances. Elle ne tient pas a être catalogué comme une vulgaire potiche. Elle connait son sujet. Elle n'a pas besoin de ses fiches. Elle a vu les films, connait les réalisateurs, n'a pas eu a couché pour avoir sa place sur ce siège. Cette émission, c'est la sienne.
- Non, du tout.
Bruno Irot insiste ici sur son identité.
- J'ai toujours vu les films de Marc Dorcel comme des productions qui s'excusaient de faire de la pornographie. Plus tard, son style s'est orienté vers des images plus crues mais aussi plus artificiels. Ce que Dorcel fait dans ses films n'est pas de la pornographie pour moi. C'est un détournement. Il lui sied mais je ne l'envie pas. La pornographie pour moi n'est pas un genre que je veux dissimuler.
Une pause
J'ai bien conscience des impératifs économique auquel Dorcel devait faire face et je respecte son engagement a faire progresser ce cinéma. Sans lui je ne pourrais pas être diffusé autant dans des salles de cinéma et je n'aurais pas ma place dans cette émission prestigieuse.
Il sourit. Reconnait dans la présentatrice une journaliste, ultime signe de reconnaissance positive que l'artiste donne à l'homme ou à la femme de télévision, et souligne qu'il est reconnaissant de leur bien veillance.
Cependant, l'usage de la comédie dans le cadre d'une production qui se veut sensuel est pour moi une distraction que je ne veux pas offrir au spectateur.
A l'écran, les visages s'efface et sont remplacés par un gros plan sur les poils pubien d'une jeune femme. La caméra s'éloigne et l'on reconnait l'actrice Sophie Espora, allongé sur un grand lit. L'acteur masculin n'est pas reconnaissable. L'intimité entre les deux acteurs se veut la plus forte possible. Seuls les mouvements sont apparents. Le rythme est lent et fort entre les acteurs. Les respirations et les gémissement envahissent l'espace sonore. Aucun autre musique ne vient perturber la scène. Leurs corps envahissent l'écran. Chaque centimètre est recouvert pour que l'on n'identifie pas le lieu ou le moment. Leur rapport pourrait avoir lieu n'importe où, n'importe quand.
Retour sur le plateau.
- Comme vous avez pu le voir sur cet extrait, j'ai conçu les rapports sexuels entre les acteurs comme de véritables moment d'intimité. Il n'y a rien de sportifs dans leur acte. Tout est dans la compression et la rencontre des corps entre eux. L'apothéose de cette scène est bien sur l'orgasme de l'actrice. Un orgasme véritable !
Il lève le doigt et souligne l'importance. Les films de Bruno Irot sont des films pornographiques vérités. Voici l'angle d'attaque donné aux journalistes et aux membres de la section marketing de sa boite de production. Voilà comment vendre le film. Voici ce qui attirera le public dans les salles et les fera l'acheter ensuite pour qu'ils puissent le visionner entre eux.
- Il n'y a bien sur pas que du sexe dans ce film et la relation entre les acteurs évolue constamment. J'ai cependant voulu toute évasion vers un autre style. Tout devait se focaliser sur le corps. Qu'il soit nu ou non importe peu. La pornographie est la mise à nue de l'être dans toute sa gloire. Ill n'y a pas de raison de s'en moquer ou de le déguiser derrière un fétiche quelconque. Je reconnais bien sur toute l'importance des vétements ou des accessoires dans la vie sexuel de tout un chacun. Mes films ne sont cependant pas des galeries pour présenter des produits. Les acteurs sont au centre et toute l'action se déroule entre eux et au sein même d'eux mais jamais autour d'eux.
- Avez vous déjà un nouveau projet après ce nouveau film ?
La minute de conclusion. On remballe tout et on ouvre vers un ailleurs encore indéfini pour aguicher le spectateur. On le laisse imaginer.
- Je ne sais pas encore. Le tournage de ce film a pris trois mois et toute l'équipe est vannée. Nous allons devoir maintenant défendre notre film et peut-être l'amener sur les marches des festivals si ils veulent bien de nous.
Il sourit.
- Vous êtes trop modeste.
La présentatrice rougit et se tourne quelque instant vers la caméra en guise d'excuse pour cette légère entorse au protocole.
- Nous vous souhaitons en tout cas bonne chance. J'aime beaucoup vos films et j'espère que "Nouvelles découvertes" sera très apprécié.
- Merci.
- Merci à vous et bonsoir Bruno Irot.
Thursday, June 04, 2009
Subscribe to:
Post Comments (Atom)
No comments:
Post a Comment