Depuis sa cage, la tortue des Galapagos observe le monde. Les fins barreaux la rendent prisonnières des quelque mètres carrés que représente sa circonférence. Elle ne peut pas bouger ni tourner la tête pour mieux observer. Tout l'infini est concentré dans la portée de ses yeux désormais habitué à s'ouvrir sur le même panorama. Le musée ne lui laisse pas d'autre spectacle à voir que les oeuvres l'entourant. Parfois les visiteurs lui porte un regard mais il l'oublie vite. Quel est t'elle ? Que veux t'elle ? Pourquoi est elle là ? Pourquoi est ce que je me pose encore la question ? Rien. Pas de réponse. Pas d'intérêt a en trouver. Bien vite on oublie son existence comme celle des passants mésirables que l'on croise dans la rue. Sans grand intérêt. Sans signe distinctif. Rien qui justifie plus d'attention que pour les peintures accrochés aux murs et pour lesquels ont a payé de sa poche pour les voir et les applaudir avec les yeux.
C'est ainsi que le mouvement léger et lent des pattes vers les bords de la cage ne fut perçu par personne. Aucun danger dans cela, aucune envie de s'en mêler. La tortue est devenu invisible. Milimètre par milimètre, la cage se soulève pourtant de tout bord. Pas même une sécurité pour vérifier que tout resterait en place. Les conservateurs ont confiance dans la passivité de la tortue, dans son incapacité a faire quoi que ce soit. Rien ne vaut le calme d'une tortue inutile placé comme décoration entre des tableaux qui risquent à tout moment d'être dérobé pour ensuite disparaitre sur le marché noir des antiquaires.
Un centimètre. La cage bouge. Encore un autre. La cage avance vers la gauche. Encore un. Et encore un. Et encore un. La cage bascule. Elle trébuche et ne sait plus où se reposer. La cage n'a plus de sens et ne peut plus rester en place. La cage perd sa place et tombe à l'état d'objets metallique. Un bruit sonore se répand dans l'océan de silence et de prétention crée par les visiteurs du musée. La tortue bouge alors un peu plus la tête, lentement, elle se déplace et observe le petit monde qui l'entoure. Toutes les têtes sont maintenant tournés. Les regards réprobateurs envahissent l'espace. Ils essayent de lui faire comprendre son insulte, l'erreur commise par la tortue qui vient de briser l'équilibre de secondes écoulés devant des tableaux pénétrants dont on ne voulait pas s'échaper. Trouver moi une bonne raison de ne pas remettre cette cage en place. Une seule bonne raison espèce de sacré bon dieu de tortue inutile !
Les pattes de la tortue se dresse. Chaque muscle retrouve sa fonction et se déplie lentement. A leur tour, ils désirent explorer et découvrir ce qu'il y a en dessous. Le vide. Le vide autour d'elle. Aucune surface sur laquelle s'appuyer. Le temps est enfin venu de remercie la nature pour ses griffes nouvellement acérés permettant de s'aggriper à la pierre et de la perforer pour descendre en rappel et fouler le sol glacée du musée.
L'erreur, la surprise, l'incompréhension, le besoin de comprendre devient alors irrépressible pour le public médusé. D'abord silencieux, puis contaminé par l'effervescence et la panique, les bras commencent a se lever de quelque centimètre eux aussi pour soulever un peu d'air et amorcer le départ des pieds vers une direction. Laquelle ? Qu'importe. Toute direction opposé à celle de l'objet en mouvement; que l'on ne reconnait plus comme tortue, conviendra.
Les griffes continuent leur descente. Le reste du corps les accompagne. La surface du sol est froide. Les griffes sont toujours utiles pour avancer plus vite et ne plus perdre de temps. Trop a déjà été perdu durant ces longues années de captivité. Le corps a souffert de rester enfermer. De ne rien trouver devant soi que quelque feuilles d'une nourriture que l'on ingère plus par habitude que par conviction ou par envie. Seul subsiste ces grands cadres que tous appellent des tableaux. Ils en parlent comme des merveilles. Des êtres contenant le plus grand des secrets. Celui de leur existence vide qu'ils tentent de remplir avec de grands dessins ? Pas de sens dans tout cela. La tête se dresse puis se déplie encore, encore, encore et encore. Les yeux sont maintenant tout proche de la toile. Les couleurs. Les formes. C'est excitant. C'est différent. Ca vallait le déplacement.
Les pattes se crispent et aggripent plus fermement le sol. Qu'est ce que cette nouvelle sensation ? Des bruits étranges et de la fumée, de la chaleur aussi. Pourquoi ?
Les gardes ont pensés que leurs armes pourraient leur servir. Elles sont inutiles. Les projectiles rebondissent contre la carapace de la tortue. De masse informe elle est devenu animal puis monstre. Monstre, un nom que l'on donne a ce que l'on ne comprends pas. Tellement plus facile. Maintenant, ceux-ci risquent de se voir confronté a une nouvelle étiquette que l'on donne aux gens qui parlent de chose que l'on ne comprends pas : fou. Ils veulent l'éviter a tout prix. Comprendre et expliquer.
"Un monstre !"
Si tu ne veux pas que l'on te prenne pour une bête, traite les autre de bête en premier. La tortue n'en a que faire et tourne manitenant la tête. Si il n'y a plus de bruit, autant aller voir ailleurs si il y a autre chose. D'autres formes, peut-être, qui méritent que l'on s'attardent. La marche reprend maintenant vers un ailleurs dont on ignore le point finale. Les pattes obéïssent et c'est tout ce qu'on leur demande. Rester toujours en place et avancer droit devant vous. Tel est la logique de la tortue. Impénétrable animal devenu monstre, faute d'avoir expliqué à ses maïtres qu'elle voulait voir ailleurs si elle ne pouvait pas trouver mieux. Le voyage commence.
Wednesday, June 03, 2009
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