Monday, February 19, 2007

Je suis (deuxième partie)

Dans toutes les rues que nous avons traversé, ces mêmes lieux que je frequentais le jour précédent sans rien denoter qui ne ressortent du quotidien, je voyais le monde avec un regard nouveau. Plus je regardais autour de moi, et plus je voyais le vide m'entourer et engloutir chaque personne, chaque regard. Les eclairages municipaux privant tout espace d'une ombre qui aurait put dissimuler une source d'inquiétude quelconque, les caméras placés a chaque coin de rue, le pas pressé et toujours sur de chacun. Tout cela me semblait faire partie d'un univers que je ne frequentais plus. Il y avait maintenant autre chose a l'interieur de moi et si je pouvais ressentir le vide à ce moment là c'est parce que je n'étais plus une partie de ce monde. J'étais ailleurs, je ne faisais plus partie de la meute, j'étais moi. Je ne savais pas encore precisemment ce que cette femme avait réveillé en moi mais je tenais a en savoir plus. Le désir, cette notion que je ne pouvais pas encore nommer, grandissait a l'interieur de moi même et gronder comme un souffle venu d'une grotte plongeant au fin fond de la terre. Je ne perdais pas la femme de vue et evitait de faire part de ce changement interieur a qui conque pouvait passer a coté de moi.

Ce qui est bien dans un monde ou personne n'a plus de notion du mal c'est que personne ne se doute de quoi que ce soit qui pourrait aller à l'encontre de la routine. Comment avais je put lire le visage de cette femme alors que je faisait encore il y a quelques minutes partis de la masse silencieuse et docile, je ne le sais toujours pas, mais rien ne pourra me faire revenir en arrière. Ce jour là, j'ai appris a connaitre la réalité et a briser le cadenas que je m'étais forcé a placer devant mes yeux. Une fois arrivé a l'appartement de cette femme, j'ai put voir autour de moi d'autre regard. L'un lancait du mepris a mon égard, a cause des habits propre et raide que je portais alors, a l'opposé même du blouson et du jeans trop grand pour lui qu'il portait. La femme qui, je l'appris plus tard se nommait Vanessa, était partie se changer et revint quelques minutes plus tard dans la pièce avec une robe rouge et un foulard vert au cou.
- "Je n'aime pas ces couleurs", me dit elle, "mais au moins, je le sais, et c'est mieux que de ne rien voir et de ne rien sentir".
Cette phrase est resté inscrit dans mon esprit depuis ce jour comme un mantra desespéré définissant avoir trop de sincérité et de précision ce que j'avais vécu jusqu'alors en compagnie de ces millions d'ignorant que j'ai croisé dans les rues de la ville.

Si j'ai put faire la connaissance de Vanessa ce jour là, elle me l'explique par la suite, c'était parce qu'elle m'avait trouvé mignon et avait eu le fol espoir de reveiller en moi un désir. Heureusement pour moi, j'avais put percevoir ce sentiment, malheureusement pour elle, j'appris a leur contact a decider par moi même et a voir que Vanessa, aussi belle qu'elle pouvait l'être par rapport aux femmes sans vie qui faisait mon quotidien, n'était pas du tout mon type. Mais comme elle me l'avait alors dit, savoir ce que l'on aime pas est déjà mieux que de ne rien savoir. C'est par ce constat ironique dans un monde ou chacun a oublié de decider par soi même et ne sait plus sonder les tréfonds de sa propre pensée, que j'ai put survivre a la réalité et partir à mon tour en quête. Si j'écris aujourd'hui ce message, c'est pour moi, mais aussi pour ceux qui le trouveront plus tard et auront la chance de ne pas attendre d'être aussi vieux que moi quand j'ai découvert la vérité. Trente a passé dans une prison ou l'on ne distingue plus l'horizon de la liberté c'est une souffrance beaucoup trop lourde pour quiconque. Mais maintenant, je sais. J'ai la conscience d'ignorer tout de moi, de ne pas savoir qui sont mes collègues de travail et de quoi demain sera fait. Je ne sais pas si je serais vivant demain et j'ai peur de ne plus pouvoir ressentir. J'ai peur que l'on me découvre et qu'une quelconque mesure soit prise contre moi. J'ai peur de l'ombre dans ce monde de lumière aspetisé. Mais je suis, je sens, je ressent et cela me donne envie de savoir de quoi demain sera fait.

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