Wednesday, October 03, 2007

Pour vivre part 3

Enveloppé l'un dans l'autre, les bras de l'un entourant le corps de l'autre, ils ôtèrent précipitamment mais, avec délicatesse, leurs vêtements. Ils n'avaient plus aucun intérêt pour eux et n'étaient qu'un obstacle a la plus grande connaissance de l'autre a laquelle ils aspiraient tout deux. Lié par les lèvres, elle ne s’éloignait de son amant que pour respirer et profiter quelques instants de son visage.
Une fois dévêtu et allongé sur son lit, leur caresses pouvaient enfin prendre pleinement leur ampleur et se rejoindre pour former une couche de douceur supplémentaire qui les plongeait encore plus l'un dans l'autre.

Ses sensations semblaient se mêler aux siennes tant le torrent d'informations qui affluait violement à ses sens l'enivrait. Progressivement elle sentait sa raison disparaître et être remplacer par une force plus forte et plus impérieuse que la simple habitude de vivre qui l'avait habité jusqu'a alors.
Tout n'était qu'amour et désir. Tout n'était que plaisir et violence. Le sang de ses blessures continuait a couler doucement et elle dessinait avec ses écorchures des traits sur le dos de son amant. Ce qu'elle traçait n'avait pas de sens mais rien dans cette matinée ensoleillée n'avait plus de sens en dehors de l'instant qu'elle partageait.
Doucement, il pénétrait en elle même avec cette même tendresse pleine de force que les auteurs des romans qu'elles avaient lut encore et encore décrivaient. Les intrigues étaient par contre toujours bien plus complexes que l'histoire qu'elle vivait. Mais quelle importance ? Quelle importance ?

Le pas qu'ils attendaient tout les deux étaient enfin franchis. Toujours plus symbiotique. Toujours plus proche. L'un contre l'autre. L'un a l'intérieur de l'autre. Le plaisir de sentir une partie du corps de cet homme à l'intérieur d'elle la parcourait intérieurement d'une énergie nouvelle et vertigineuse.

Elle ne savait plus qui elle était mais elle savait qu'elle désirait.
S'agrippant à lui en enserrant ses jambes du plus fort qu'elle pouvait, tandis qu'il continuait a lui procurer toujours du plaisir, elle affirma son emprise physique. Si il était à l'intérieur d'elle, ce n'était que pour un moment, et elle ne voulait pas que cet instant s'arrête.

Imaginer la douleur de vivre au delà de ce plaisir immense lui était insupportable. Si il devait vivre, c'était avec lui et avec personne d'autre, sans rien autour et contre eux deux. Juste eux, unis et satisfait jusqu'à la fin.

La tête enfoui contre son cou, elle commença par le mordre doucement, plus avec de plus en plus de fermeté. Le plaisir transcendait son énergie et sa force dans une pulsion qui ne pouvait qu'être satisfaite, au risque d'y perdre la raison.
Ses dents mordaient encore et encore. Elle ne cherchait plus à caresser la chaire mais a la dévorer, l'arracher, et la faire sienne. Et, doucement, le sang de son partenaire commençait a couler.

Perdu dans cet instant irréel, l'homme ne semblait plus rien percevoir de ce qui se déroulait a son insu. Il était aussi pris dans l'incroyable plaisir de cet instant irréel et ne vivait l'instant présent que pour s'unir à cette jeune fille merveilleuse. Sa force l'abandonnait doucement mais, ce n'était pas anormal pour lui car il avait perdu toute notion du temps en s'abandonnant a cette jouissance qui avait pourtant débuté bizarrement par une rencontre au coin d'une rue.

Doucement, mais de plus en plus, le sang continuait a couler et imprégnait le drap. Le sang de son amant était semblable à du vin dans sa gorge. Sucré et délicieux, elle ne désirait qu’à en avoir toujours plus.

La tache pourpre envahissait de plus en plus le lit au fil des secondes. Semblable à un lit de rose que l'on ferait grossir par une pluie abondante, il ne cessait de grandir et de s'assombrir. De plus en plus dense. De plus en plus dur. La tache était devenu une mare et, au bout de quelques minutes, elle s'était transformée dans l'équivalent d'un fleuve dans lequel Dahlia accomplissait pleinement son fantasme démesuré.

Essoufflée, elle ouvrit les yeux et plongea son doux regard dans la peau blanche et inerte de son amant. C'était le destin si elle avait rencontré et rien ne pouvait venir arrêter cette journée parfaite. Rien. Maintenant recouverte par son homme, elle sentait le corps froid de celui ci se plaquer contre elle dans un ultime mouvement.

Cadavérique, il restait encore l'homme qu'elle avait attendu et dont elle ne voulait pas se séparer. Le monde extérieur n'avait rien a lui offrir d'autre que ce présent. Qu'il soit mort ou vivant, il était enfin avec elle et l'habitait intérieurement. De toute sa vie rien n'avait compté plus que cette rencontre. Ce vide qui l'avait habité depuis si longtemps était enfin comblé, physiquement et psychiquement. Elle était enfin heureuse et souriait à personne d'autre qu'à lui.

Pour vivre part 2

Peu importe le jour et le mois, elle ne se souvient de rien d'autre que de ce qui se passa ce jour là. Réveillé par un rayon de soleil étouffé par les rideaux de sa chambre, elle avait chaussé ses chaussons avec la douleur que chacun associe avec le réveil. Satisfaire le besoin de se lever et l'envie de ne pas s'échapper des draps est une source de frustration quotidienne pour quiconque connaît le bonheur d'un matelas et d'une couette. Mais pour elle, le contact avec le réel était encore un peu plus douloureux tant son rêve était satisfaisant cette nuit là.
Le souvenir succinct de ce fantasme apaisant l'avait suivi durant sa matinée.

Pendant son petit déjeuner et ensuite durant sa douche où le contact avec l'eau s'était révélé moins désagréable que d'habitude. Une fois habillé, son esprit continuait a vagabonder sur les collines fleurit de sa nuit où elle avait enfin rencontré un amour tendre et égale à ses désirs. Alors, le plus longtemps possible elle s'accrochait a son souvenir fugitif et parcourait sa routine matinale avec habitude pour pouvoir profiter encore de ce qui lui apportait enfin un peu de changement. Même si ce n'était qu'un rêve.

Perdu dans cet autre monde, une fois la porte de chez elle refermé, elle ne voyait plus ce qui l'entourait. Les rues grises de la ville défilaient sous ses pas comme de longs tapis roulant où ses pieds pouvaient se reposer sans rien ressentir. Vibrant dans ses pensées, elle ne vit pas l'homme qui empruntait ce jour là le chemin inverse et qui la fit trébucher contre le sol et contre le mur.

Le contact précipité avec la pierre et le goudron effleurèrent sa peau de satin et ouvrirent de petites entailles contre ses genoux et ses mains.
Surprise par le choc, son coeur battait à tout rompre à l'intérieur de sa poitrine. La douleur et la chaleur la transportaient tout à la fois jusqu'au sol. Ecorché physiquement, comme jamais elle ne l'avait encore été, elle sentait son corps réagir vite contre cet événement nouveau et commençait à réparer ce qui avait ouvert.

Ses mains s'empourpraient jusqu'à prendre une couleur encore plus rose qu'à l'habitude. Tétanisé par l'événement, elle plongeait son regard sur ses doigts qui lui apportait d'habitude tant de réconfort. Elle avait chaud et se sentait de mieux en mieux.
A cet assaut une nouvelle sensation vint ensuite s'ajouter le contact de la peau de l'homme qui l'avait bousculé. Il était, tout simplement, beau. Presque identique au souvenir de celui qui l'avait accueilli sur la colline de son rêve … à moins que le visage de l'inconnu ne se soit superposé sur celui de son fantasme. A cet instant, peu importait et elle accueilli sa douleur passagère avec encore plus de joie en découvrant le visage de l'homme. La matinée était douce mais pas autant que les mains de celui ci. Rien n'avait plus de sens aujourd'hui car elle l'avait enfin trouvé.
"Merci", répondit elle en souriant.

Il l'aida à se relever et il lui répondit avec le même regard plein de tendresse et de joie. Rien ne méritait de parole. Tout s'expliquait par le simple contact de leur regard.
Cette rencontre inexplicable l'avait projeté de nouveau dans un rêve à la beauté inestimable. Si tout n'était auparavant qu'une préparation pour accueillir avec joie ce jour, elle acceptait enfin le manque dont elle avait souffert pendant tant d'années car elle recouvrait enfin ce vide avec ce qu'elle avait espéré. Le vide était comblé. Le sens enfin trouvé.

L'inconnu insista pour l'emmener chez lui. Elle accepta. Il voulait lui donner de quoi panser ses égratignures mais tout deux savait qu'ils voulaient partager plus que cela. Rien n'avait besoin d'être expliqué, tout devait être accepté et embrassé.

Et s'embrassés ils le firent dans l'ascenseur qui menait a son appartement.
Leurs lèvres rentrèrent en contact presque immédiatement après que les portes coulissantes se soient refermées pour leur accorder leur premier moment d'intimité.
Chaque nouvelle sensation était un pas de plus dans le bonheur pour Dahlia. Elle ne sentait plus seul et pourtant elle retrouvait enfin la même sensation qu'elle avait trouvé sur elle même. Tout s'accordait enfin dans son corps et dans son esprit. Elle ne faisait qu'un avec lui et ne désirait plus que combler la barrière de chaire qui les séparer pour atteindre l'état de symbiose qui lui ferait oublier le monde extérieur.

Pour vivre part 1

Son nom est Dahlia et elle n'a que 18 ans mais déjà elle attire les regards de tous les hommes vers elle. Les traits fins de son visage ne correspondent pas à son age mais trahissent la jeunesse de son esprit. Eloigné de tous depuis son enfance, elle n'a jamais voulu s'approcher trop de ces camarades de classe.

Qu'importe l'école ou le milieu. Rien ne lui donnait envie de s'approcher de tout ceux qui l'entouraient. Elle ne se sent pas proche des autres. Elle est différente. A l'intérieur d'elle même elle s'imagine vivre avec une légèreté et une douceur que les autres ne peuvent comprendre. Que ce soit par leur imagination ou par leur corps. Rien n'atteint la douceur de sa peau.

Fine et légère comme des nuages, douce et rosé comme des pétales de fleurs, elle ne s'épanouit pas au regard des autres car elle a peur d'y laisser sa peau. Oh, elle sait bien que ça n'a pas de sens. Elle ne risque rien des autres. Ce n'est pas une question de statut social.
Parfois elle regarde fixement les gens et ils lui répondent avec des grands sourires. Mais jamais rien n'atteint sa vision, son espoir. Alors elle s'efface et laisse l'espoir de rencontrer quelqu'un s'envoler dans les airs. Parfois elle ressent du dégoût a effleurer les feuilles des magazines. Seuls les riches livre des archives de la bibliothèque municipale la contente.

Dans les trésors d'ingéniosité des grands esprits, elle a trouvé un peu de réconfort à son adolescence. Mais qui pourrait bien incarner aussi bien cette même douceur ? Rien d'autre ne peut la satisfaire.

Seule sa peau fine et douce qu'elle caresse, comme pour se rappeler qu'elle existe et qu'elle peut ressentir, la contente véritablement. Tout autre surface lui semble granuleuse et l'écorche. Elle ne saigne pas. Elle ne sait pas ce que cela veut dire. Mais elle ne veut pas savoir. Trop de sensation déplaisante lui arrive à l'esprit de tant à autre et la révulse. Une vie dans la douceur la plus profonde, voilà à quoi elle aspire.

Son enfance protégée de tout tracas était comme un rêve éveillé. Déjà, son doux visage lui ouvrait les portes de tout les coeurs. Toutes les attentions lui étaient réservées. Tant de calme et de timidité réjouissait les parents et les serviteurs.
Combien de fois a t'elle entendu de belles choses a son sujet. Combien de fois lui a t'on souris avec sincérité ? Mais combien de fois a t'elle préféré ne rien dire et laisser s'empourprer son visage plutôt que de répondre ?

Sa richesse était son visage et sa réputation. Les gens la traitait comme étant timide. Soit, ce n'était pas faux. La réserve est une qualité dans les grandes maisons. Surtout quant on est une jeune fille. Mais qu'aurait elle pu répondre qui aurait contenté les esprits enjoués qui l'entouraient ? Comment avouer qu'elle ne voyait rien d'aussi beau chez ses congénères ?
Son conte de fée n'avait pas d'égale en dehors de son isolement.

A toutes choses s’oppose un contraire aussi fort. Pour elle il s'agissait du vide omniprésent dans son corps que les autres appellent sous le nom de plaisir. Le contentement réel d'obtenir une compensation suffisante qui apporte suffisamment de joie pour que les traits se délient et que l'on offre à son tour un sourire, une main tendue, un signe fort et ardent.
Son corps avait tout à offrir mais son esprit refusait tout catégoriquement. Elle aurait voulu mais ne pouvait. Elle désiré, été désiré, mais refoulait et refusait.

Bercé par les histoires d'amour romanesque, elle voulait s'abandonner à un bel homme qui l'aurait contenté dans une nuée de pétale de rose et l'aurait emporté pour ne plus jamais la quitter.
Elle aurait tant voulu, avait tant désiré, qu'un beau jour son voeux fût exaucé.